Selon Benjamin Constant, il faut des garanties
constitutionnelles contre les abus du pouvoir, en particulier contre
l’accroissement indéfini des impôts. En effet, « tout impôt inutile est
un vol », écrit-il, « un vol d’autant plus odieux, qu’il s’exécute avec
toutes les solennités, de la loi ».
Un axiome incontestable, et qu’aucun sophisme ne peut obscurcir,
c’est que tout impôt, de quelque nature qu’il soit, a toujours une
influence plus ou moins fâcheuse. Si l’impôt produit quelque fois un
bien par son emploi, il produit toujours un mal par sa levée. Il peut
être un mal nécessaire ; mais, comme tous les maux nécessaires, il faut
le rendre le moins grand possible : plus on laisse de moyens à la
disposition de l’industrie des particuliers, plus un état prospère.
L’impôt, par cela seul, qu’il enlève une portion quelconque de ces
moyens, est infailliblement nuisible. Plus on tire d’argent des peuples,
dit M. de Vauban dans la dîme Royale, plus on ôte d’argent au commerce.
L’argent du royaume le mieux employé est celui qui demeure entre les
mains des particuliers, où il n’est jamais inutile ni oisif.
J.J. Rousseau, qui, en finances, n’avait aucune lumière, a répété
après beaucoup d’autres, que, dans les pays monarchiques, il fallait
consommer par le luxe du prince l’excès du superflu des sujets, parce
qu’il valait mieux que cet excédent fût absorbé par le gouvernement que
dissipé par les particuliers. On aperçoit dans cette doctrine un mélange
absurde de préjugés monarchiques et d’opinions républicaines. Le luxe
du prince, loin de décourager celui des individus, lui sert
d’encouragement et d’exemple. Il ne faut pas croire qu’en les
dépouillant il les réforme. Il peut les précipiter dans la misère, mais
il ne peut les ramener à la simplicité. Seulement la misère des uns se
combine avec le luxe des autres ; et c’est de toutes les combinaisons la
plus déplorable.
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